mardi 24 juin 2008

Pour la réflexion sur les discriminations et le traitement de l'information


Les questions qu'il s'agit de se poser si on souhaite s'en poser, sont celles-ci: Y a-t-il une seule communauté nationale républicaine et si on admet qu'il n'y en a pas une mais plusieurs, y a-t-il égalité de traitement pour toutes les communautés?
Il semble évident, peut-être plus pour les habitants de la capitale que ceux de province, que ce que l'on nomme avec dédain le 'communautarisme' existe bel et bien. On peut bien sûr parler de 'Français', communauté à laquelle appartiennent bien sûr tous les Français, 'noirs', 'blancs', 'arabes', 'juifs', 'asiatiques', 'musulmans', 'chrétiens', 'bouddhistes' etc. Dans ce cas, on est obligé déja d'arriver à la conclusion qu'il y a au moins une autre communauté: celle des non-français, les 'étrangers', les 'immigrés'.
Cependant, même à l'intérieur de la communauté des 'Français', il semble évident qu'on doit parler de communautés diverses et variées, c'est à dire justement ceux énumérés plus haut. Juste pour la précision, bien que cela paraisse évident, cette liste est généralisante, puisqu'il existe, entre autres, des 'noirs' de divers pays et de cultures, ainsi que des 'arabes', des 'juifs' et des 'asiatiques'. Il en va de même pour les communautés religieuses. Ces communautés n'ont pas attendu la création d'organismes tels le CRIF, le CCM ou le CRAN pour exister.
Bien. Ayant addressé ce point, que peut-on dire de la manière dont ces communautés sont traitées? Ce n'est pas 'communautariste' que de poser cette question. C'est vouloir addresser la réalité. On peut déja admettre que les immigrés sont traités d'une manière particulière, ne serait-ce que par le fait qu'ils sont sujets à des contrôles administratifs auxquels ne sont pas sujets les Français. Qu'on soit d'accord ou non avec cette réalité, on ne peut pas la nier.
Pour ce qui est des contrôles d'identité, aggressifs ou non, en théorie toute personne, immigrée ou française est sujette à des contrôles d'identité. Il semble pourtant clair, lorsqu'on s'informe que les personnes au teint foncé ou aux traits non-européens voire les personnes au comportement jugé 'suspicieux' (quoi que ce terme puisse signifier) ont plus tendance à être controlées que les 'blancs' ou ceux ayant un comportement jugé 'normal'. Lorsqu'on s'y intéresse de plus près, on apprend que ces contrôles sont très souvent abusifs et aggressifs.
Venons en aux actes de violences. On peut parler des violences policières auxquels on a déja fait allusion ci-dessus. Ces violences ne se limitent pourtant pas aux contrôles. On parle assez souvent de 'bavures'. Ces 'bavures' semblent concerner avant tout les immigrés, le plus souvent dans le cadre d'expulsions du territoire, mais aussi des Français ou autres personnes en situation régulière. Lorsqu'on entend parler de ces 'bavures' les victimes semblent le plus souvent être des 'non-blancs'.
D'autres inégalités de traitement concernent le traitement par les médias et les responsables politiques.
On ne peut pas dire que les médias ne rapportent pas du tout les actes racistes anti-arabes ou anti-noirs. Ce qu'on peut dire par contre, c'est que ces actes sont le plus souvent rélégués en bas de l'échelle d'importance des informations. Lorsqu'un meurtre ou une agression est jugé antisémite (voire anti-Chti!), l'information est à la 'une' pendant plusieurs jours voire plusieurs semaines ou plus encore. Comme l'a dit un réprésentant de la communauté juive dans le cadre du meurtre d'Ilan Halimi, de tels meurtres sont rares (il serait le premier juif tué pour son appartenance ethnico-religieuse depuis la seconde guerre mondiale). On pourrait donc comprendre que cela choque particulièrement (même si les actes antisémites non-meurtrières sont quelque peu plus fréquents). Cependant, est-il acceptable que des violences racistes (autres que'antisémites) provoquent moins d'indignation de la part des médias? Il en va de même pour les réactions politiques. Est-il normal, que des leaders politiques jugent un incident avant qu'une enquête aie eu lieu? Pourquoi le font-ils pour des violences à l'encontre de personnes juives et non pour celles à l'encontre de noirs ou d'arabes?
Ceci nous mène donc au traitement socio-médiatico-politique des inégalités. Il ne viendrait pas à l'esprit de dire que les protestants de France constituent une communauté menacée ou oppimée aujourd'hui. Pourtant, il s'agit bien d'une minorité dans ce pays et une communauté qui dans le passé a connu l'oppression. La raison est normale: depuis plusieurs siècles les protestants ne sont en effet pas opprimés. Mais qu'en est-il des juifs? Bien sûr la collaboration française dans l'holocause perpétré à l'encontre de juifs par le régime nazi remonte à seulement soixante ans. Cependant, comme on l'a dit plus haut, les actes antisémites et plus encore les meurtres antisémites restent aujourd'hui plutôt rares en France, surtout si on les compare aux autres violences et meurtres racistes. De plus, comme on a souvent eu le cas d'en parler, les poursuites et les jugements à l'encontre d'actes ou de paroles xénophobes restent clairement biaisés en faveur des actes ou des paroles antisémites. La négation de l'holocauste juif, un holocauste vieux de soixante ans comparé aux écrits et caricatures islamophobes qui caractérisent une xénophobie bien actuelle en sont un exemple pertinant. On peut bien sûr prendre position pour la liberté d'expression, mais elle doit alors être défendue dans tous les cas, et on ne doit pas perdre de vue les divergences entre les traitements xénophobes dont sont victimes certaines communautés comparées à d'autres. Même si on défend aussi bien le droit d'expression d'un auteur ou d'un caricaturiste islamophobe que celui d'un négationniste (de l'holocauste juif), on ne doit pas ignorer la réalité qui est qu'aujourd'hui toutes les communautés ne sont pas opprimées da la même manière. En France comme à l'étranger les populations musulmanes, arabes et africaines ainsi que d'autres populations plus ciblées (Birmans, Tibétains, Haïtiens...) sont victimes d'oppressions dont d'autres populations, y compris les populations juives, ne le sont pas ou le sont beaucoup moins. Il ne s'agit pas d'établir une concurrence des victimes. Il ne s'agit pas non plus de dire que tel génocide serait plus grave ou moins grave qu'un autre. Il s'agit de traiter l'information avec lucidité et honnêteté.