mercredi 18 juin 2008

Les valeurs démocratiques quasi absentes de l'analyse

Libération

Fossé. L’examen des résultats montre que le scénario de 2001 - quand l’Irlande avait rejeté le Traité de Nice - s’est répété. Dans le Nord-Ouest, le non franchit la barre des 60 %. Dans la banlieue sud-ouest de Dublin, il dépasse les 65 %. Mais dans le sud de la capitale irlandaise, les pro-traité ont voté à près de 63 % pour Lisbonne. Le fossé se creuse entre les zones des classes moyennes et privilégiées et celles plus défavorisées ou rurales. «Ces dernières se sont probablement senties menacées par la concurrence étrangère, une baisse des salaires, un risque d’affaiblissement des protections sociales», analyse Ben Tonra, spécialiste des questions européennes à l’université de Dublin. Par ailleurs, les «anti» ont mené une campagne attrape-tout ratissant de l’extrême gauche à l’extrême droite, et mêlant des dizaines d’arguments ou de revendications catégorielles concrètes (avortement, fiscalité, neutralité, etc.). Et ils se sont trouvés un tribun en la personne de Declan Ganley.

En poussant l'analyse simpliste, on pourrait dire peut-être que les riches et/ou les urbains se foutent royalement du caractère démocratique ou non des institutions européennes. Plus finement, peut-être, cela montre que pour ceux qui n'ont pas trop (voire pas du tout) à se soucier du lendemain, l'UE n'est qu'un gros joujou avec lequel on tue le temps ou on se prend à rêver de 'fraternité entre les peuples'.